54…

κείμενο στα Ελληνικά

16 mois que la situation sanitaire mondiale bouleverse tout sur son passage, dans tous les domaines de la vie… y compris pour ce qui touche à nos passe-temps favoris.

Marathons de Barcelone et de Rhodes annulés dès l’apparition du covid, confinement printanier, automnal, hivernal, toutes les saisons y passent, et évidemment, ça devient impossible de prévoir quoi que ce soit. Déjà que j’étais un peu solitaire avant, là, ça en devient inquiétant… je me lance même dans les longues distances dans mon propre jardin, un 30 km sur un parcours de 310m, je vous laisse calculer le nombre de répétitions 🙂

En 16 mois, aucun dossard de porté, mais plein de courses en OFF (c’est-à-dire sans organisation), et sur tous les formats : 5, 10, 21, 30, 40, et bien sûr 42 bornes, histoire de regoûter aux difficultés si particulières liées au marathon…

Voici donc un petit retour sur ces courses en OFF, depuis mars 2020 :

  • Pour le 30 bornes, c’était donc en mai 2020, le 6, le jour où j’aurais dû participer au marathon de Rhodes : mon exprience de hamster confiné autour de mon jardin, j’en ai déjà parlé longuement sur un précédent article. Anecdotique au niveau chrono, ça aura été surtout pour moi l’occasion de me remotiver pendant cette quarantaine inédite, et cette accumulation d’annulations de mes projets de marathon.
  • J’avais en effet déclaré que 2020 serait consacrée à la distance-reine, comment aurais-je pu prévoir ce qui allait arriver à l’échelle mondiale. Les annulations m’avaient pris de court, le moral était au plus bas, et il a fallu rebondir. Ce n’est sans doute pas vraiment le bon exemple à suivre, mais bon, je ne voulais pas laisser le 1er semestre se terminer sans marathon, et j’ai donc improvisé un parcours de 42 bornes sans aucune préparation, le 14 juin… résultat, le pire temps de mes 11 marathons, 5h19, beaucoup de douleurs, mais une énorme satisfaction au final.
  • Et puis il y a eu ce 40 bornes, encore un format pas vraiment classique… et encore sur un coup de tête : prévu le 6 septembre 2020, on avait (évidemment) appris que le semi-marathon de Symi ne serait pas organisé. Symi, c’est ma course préférée, celle sur laquelle j’ai démarré dans les grandes distances. Pas question donc de ne pas y aller, et on est une petite dizaine à décider de courir, chacun à l’heure qui lui convient. Le problème, c’est qu’il n’y a pas d’organisateur, et donc pas de navette pour revenir au départ… Seule solution possible pour moi, faire l’aller-retour, et ainsi doubler le plaisir ! Un beau souvenir, surtout que pour l’occasion, ma dream-team était au complet à Symi, on en a profité pour passer un week-end ressourçant.
  • Le 5 et le 10 km, ce sont vraiment des formats qui me posent problème, parce que ça fait bien longtemps que je ne les ai plus préparés : à force de privilégier l’endurance et les (très) longues distances, on se déshabitue rapidement aux efforts violents liés aux petites distances. Mais là, au cours du mois d’avril, et à l’occasion de la journée internationale de sensibilisation à l’autisme, on a décidé de monter une équipe familiale autour de notre ‘petit’ Nasos, et de participer à une course virtuelle sur différents formats (course donc, mais aussi marche, vélo, natation). Pour moi, c’est bien évidemment la course, et donc ces deux distances, le 5k et le 10k. Pas si facile donc, mais assez satisfaisant, je ne suis pas trop loin de mes temps de référence : 24’16 pour le 5000m, le 7 avril, et 51’26 pour le 10000m, le 28 avril… RunForAutism !!!
  • Et enfin un semi : c’est justement la dernière course officielle à laquelle j’avais participé, début mars 2020… C’était le semi-marathon d’Apollona, et je l’avais couru ‘en-dedans’, puisque j’étais alors juste à la fin de ma longue préparation pour le marathon de Barcelone, qui devait avoir lieu 15 jours après. Un an plus tard, alors que toutes les compétitions sont annulées les unes après les autres, je décide donc de courir seul dans mon coin ce semi-marathon qui ne fait pas exception à la triste règle. A cause des mesures de restrictions du mois de mars, je dois attendre début avril pour courir, après une préparation presque normale, un peu light quand même. 1h55, je suis assez satisfait du chrono, et surtout des sensations pendant la course… c’est décidément mon format favori, le 21 bornes !

Voilà, en un peu plus d’un an, j’ai donc balayé toutes les distances possibles, sans accrocher un seul dossard… Pour ceux qui me connaissent, il restait quand même un vide, du côté de l’ultra-marathon. Mais justement, 2021 est pour moi une année un peu particulière, celle de mes 54 ans… 54, mon nombre fétiche, il fallait bien marquer le coup. J’y pensais depuis quelques temps, pourquoi ne pas en profiter pour courir dans mon coin, le jour de mon anniversaire, un kilomètre par année écoulée ?

Me voilà donc en ce 29 mai, tôt le matin, à m’élancer sur un parcours tracé sur mesure, le DK54, qui va m’amener sur des routes et chemins que je connais par coeur, à traverser les 8 villages du Dimos Kamirou, où j’ai accumulé tant de jolis souvenirs, professionnels et personnels : Soroni, Fanès, Kalavarda, Salakos, Apollona, Platania, Eléousa, Dimilia et retour à Soroni. Pas d’assistance, mais des points d’eau partout sur mon parcours et mon ravito dans mon sac à dos. Aucun objectif au niveau du chrono, mais l’envie de consacrer chaque kilomètre parcouru à me remémorer l’année correspondante… Pas beaucoup de souvenirs pour le km1 et ma première année, de toute façon je suis à peine réveillé, j’imagine juste la tête de mes parents en voyant arriver leur 3ème garçon d’affilée, il faudra qu’ils patientent encore quelques années pour voir débarquer une fille :)… En revanche, après, les souvenirs reviennent, de plus en plus fort : les années athéniennes, le retour à Nancy, l’adolescence puis les années fac, les kilomètres semblent défiler plus vite avec ce système : tu penses, même à mon rythme de tortue terrestre, un kilomètre, ça donne tout juste 6 à 7 minutes pour se remémorer 365 jours de ta vie, et d’essayer de retrouver les visages qui t’ont marqué à cette période. Les pentes de la montagne du Profitis Ilias se profilent, et coïncident avec des souvenirs plus sombres… Je le redoutais, ce 25ème km, et bien évidemment l’émotion est au rendez-vous, le coeur toujours dévasté par l’absence de ce frère qui nous manque à tous, mais qui m’accompagne comme toujours dans mes défis, et encore plus aujourd’hui. Heureusement, le cadre est fantastique, et les km suivants apportent leur réconfort, avec l’arrivée successives des trois femmes de ma vie…

Fidèle à mon projet initial, j’essaye de cloisonner mes souvenirs par année, mais cela devient de plus en plus difficile au fur et à mesure que les heures défilent. Etrange, alors que justement ces souvenirs sont de plus en plus récents… C’est bien sûr le physique qui vient expliquer le manque de lucidité : mine de rien, j’arrive du côté d’Eléousa au km42, point de bascule dans l’ultra, et le corps commence à se révolter, une fois de plus. La longue descente vers Soroni, que j’ai empruntée tant de fois, s’avère particulièrement difficile, je peux heureusement me raccrocher à plein de souvenirs liés plus ou moins à la course à pied, puisque j’ai commencé ce sport sur le tard, à 43 ans.

Bref, après 7h52 d’efforts, je boucle mon défi, et j’arrête mon gps à 54770 mètres, symboliquement… Epuisé bien sûr, mais avec l’impression d’avoir vraiment maîtrisé les difficultés liées à la distance et au dénivelé du parcours. Evidemment, l’absence de contrainte horaire a bien aidé, mais c’est vraiment le fait de gérer chaque kilomètre séparément qui m’a permis de bien surmonter cette course. A méditer lors d’un prochain marathon ? Parce que, mais oui, novembre approche, et ici, en Grèce, novembre, c’est LE marathon, sur le parcours historique… La récré est finie, faudrait songer à se préparer sérieusement !

4 réflexions sur “54…

  1. Pour 16 mois en OFF, tu es bien resté sur ON ! Quel plaisir de te lire à nouveau 👍
    J’ai beaucoup aimé ta gestion mentale de l’effort en se remémorant les années passées et les visages croisés.
    Ici c’est prépa marathon également pour celui de Nice prévu fin novembre ✌️Tes conseils sont toujours précieux 😉

    • Super, on va se préparer en parallèle alors !
      Quel est ton plan d’entraînement ? Pour moi, ça reste du classique, inspiration Cottereau, sur 9 semaines, tout en douceur 😉
      Merci pour ton commentaire, ça fait plaisir de te retrouver.

Laisser un commentaire